Messagepar Zeetoon89 » 31 oct. 2015, 11:43
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- L'AJ Auxerre à quitte ou double
L2 / AUXERRE Le 30/10/2015 - Pierre GODFRIN
Auxerre vient de débuter cet été sa quatrième saison en L2 avec l'ambition de retrouver l'élite. Car si l'AJA échoue dans six mois, sa situation prendra un tournant beaucoup plus préoccupant.
« C’est sûr que passer de Santiago-Bernabeu au stade de Dijon, ça fout une claque. » L’aveu du responsable des déplacements chez les ‘‘Ultras Auxerre’’ ne surprendra personne. Comme beaucoup d’autres, celui que l’on surnomme "Ptit Mat" ne vit pas bien la saison de son club, qui a quitté la L1 il y a déjà trois ans et demi. Au revoir les samedis soirs passés à l’Abbé-Deschamps face au PSG ou à l’OM et bonjour les vendredis moroses où on entend parfois les consignes des coachs en regardant la télévision. « La L2, ça n’est pas facile, surtout à Auxerre qui est une petite ville, confirme le supporter. Le vendredi soir, les matchs à domicile, c’est compliqué. On tourne à 4 000 ou 5 000 spectateurs de moyenne. Ça n’est pas simple. » Ils étaient pourtant presque 6 000 vendredi dernier pour encourager la bande emmenée par Zacharie Boucher et Sébastien Puygrenier face au Red Star. Mais cela n’a pas suffi, en témoigne le score final (0-1) et une malédiction qui dure depuis février 2013, soit la dernière fois que l’AJA a enchaîné trois succès de rang. Mais comment un club qui jouait la Ligue des Champions à l’automne 2010 a pu en arriver là ?
Le Mans, l’exemple à bannir
Le club qui a révélé Djibril Cissé a forcément dû rater un tournant à un moment ou un autre. Patrick Bonnot, journaliste à L’Yonne Républicaine, a sa petite idée sur ce sujet. Selon lui, la qualification pour la C1 n’a pas aidé la formation qu’il suit depuis de nombreuses années. « Les supporters doivent bien comprendre que l’ère Guy Roux est bien révolue et qu’il y a eu des erreurs de gestion à une époque, souffle-t-il. Même si ça rapporte beaucoup, la Ligue des Champions a coûté cher aux dirigeants du moment parce qu’il a fallu prolonger des contrats de joueurs à des prix pharaoniques, ce qui fait que les finances du club ont été mises à mal. » De là à parler d’erreurs de gestion ? Gérard Bourgoin, aux commandes du club de mai 2011 à avril 2013, nie tout en bloc : « Il n’y avait pas d’erreur de gestion, nous a affirmé l’ancien président auxerrois. Il y a simplement eu un club qui avait des engagements qui n’avaient rien à voir avec les rentrées possibles. Il a fallu faire une réduction de voilure drastique au niveau de la masse salariale car sinon, on serait allé au fond du trou comme l’a fait Le Mans. »
Des jeunes partis trop tôt
Sur ces erreurs du passé, Guy Cotret, en place depuis l’été 2013, est un peu moins affirmatif que son prédécesseur. « Je pense qu’ils n’ont pas su gérer la descente en Ligue 2 à l’été 2011 et faire les coupes drastiques quand il le fallait, concède-t-il avant que ses réflexes de banquier ne reprennent le dessus. Quand on est supporter, on attend toujours un Mercato actif, que le président recrute des joueurs de qualité et conserver ceux qu’on a. Mais avec 8 M€ de ressources, comment construit-on un budget de 13 M€ ? » Une bonne question qui ne semble avoir qu’une réponse possible : vendre des jeunes ! Une habitude ancestrale pour le club bourguignon qui possède un centre de formation flambant neuf. Mais pour pouvoir éponger les dettes, l’AJA doit vendre ses pépites. Trop tôt. « On aimerait bien qu’il fasse deux ou trois saisons pleines chez nous avant de partir vers de plus grands clubs, regrette "Ptit Mat" qui cite deux exemples. On a eu ça avec Thierry Ambrose (18 ans) qui est parti à City il y a deux ans. Surtout que certains partent assez tôt pour ne rien faire après : je prends l’exemple de Soualiho Meïté qui est à Lille. Cela fait deux ans qu’il cire le banc de touche alors qu’il avait largement sa place à Auxerre. »
Ntep, le mauvais choix ?
Le cas Paul-Georges Ntep est notamment resté au travers de la gorge des fans. Sa vente en janvier 2014, nécessaire pour les finances, a bien failli coûter très cher aux Blanc et Bleu, qui ne se sont maintenus en L2 qu’à l’issue de l’ultime journée. « Si on n’avait pas vendu Ntep dans de bonnes conditions, on n’aurait pas pu boucler notre budget, se défend Guy Cotret. On ne vend jamais des joueurs qu’on a élevés par plaisir. » Mais trouver le juste milieu entre équilibre budgétaire et compétitivité de l’équipe semble être parfois un vrai chemin de croix. « On a pris un club qui allait déposer le bilan mais on ne l’a pas encore redressé, contrairement à ce qu’il se dit, rappelle Guy Cotret. Certains me reprochent d’être un gestionnaire et de ne pas accorder d’importance au sportif. Quand je pense à la pérennité du club, je ne pense pas qu’au football, je pense aussi aux employés. » Une vision qui n’est pas partagée par Patrick Bonnot : « Il y a une équipe à la tête du club qui est sans doute très bonne gestionnaire mais cet aspect-là estompe le côté sportif, note le journaliste. Il faut parfois faire des sacrifices pour avoir une équipe compétitive. Et c’est en ayant une équipe compétitive qu’on va avoir du monde dans le stade et qu’on va avoir des résultats sportifs. »
L’AJA bientôt rachetée ?
En plus d’être dans une situation financière précaire, le champion de France 1996 a perdu son propriétaire, Emmanuel Limido, décédé en mai dernier. C’est sa femme, Corinne, qui est désormais actionnaire majoritaire du club. Guy Cotret, qui représente ses intérêts, n’est pourtant pas le seul décisionnaire. « Il faut savoir que l’association AJA Football possède encore 40% des parts du club, précise Patrick Bonnot. Donc si quelqu’un rachète, il ne rachètera que 60% du club et non pas 100%. Donc il ne pourra pas faire ce qu’il veut. » D’ailleurs, la vente du club bâti par Guy Roux pourrait bien rapidement être actée. « C’est d’actualité, confirme Guy Cotret. Mme Limido ne laissera pas le club dans n’importe quelles mains. Aujourd’hui, on a plusieurs acquéreurs : un Albanais ou encore deux Américains qui regardent le dossier activement. Elle arrivera à céder ses parts mais pas sous n’importe quelles conditions. On vit dans un monde capitaliste et on ne peut pas faire abstraction des intérêts des actionnaires. » Mais la vente sera-t-elle encore d’actualité si l’AJA végète une année de plus dans l’antichambre de la L1 ?
L’année ou jamais ?
Les observateurs du club centenaire ont tous pointé du doigt l’un de ses problèmes actuels : un trop-plein d’ambition. Un concept qui peut faire sourire de prime abord mais qui pousse les protégés de Jean-Luc Vannuchi à réaliser des prouesses ces six prochains mois. « Nos ambitions sont peut-être surdimensionnées par rapport à nos moyens. Cette année, on voulait jouer l’accession à la Ligue 1, confirme le président Cotret. Notre modèle économique porte sur un centre de formation qui rivalise avec ceux de Ligue 1 en qualité et en coût puisqu’il coûte 4 M€, ce qui est important sur un budget de 12,5-13 M €. Si la montée n’est pas au rendez-vous, on sera contraint de réduire considérablement notre budget puisqu’on aura tapé dans nos réserves. » Les supporters auxerrois n’ont pas oublié que lors de leur dernière saison de L1, Gérard Bourgoin leur avait annoncé les trois premières places. Auxerre avait fini dernier. « Il ne faut pas qu’on soit à plus de cinq points du podium à la trêve sinon, ce sera mission impossible », soupire Guy Cotret. Six unités séparent actuellement le neuvième de L2 du trio de tête. L’hiver s’annonce glacial en Bourgogne. Une sale habitude.
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