Je le kiffe ! Ah si les politiciens pouvaient tous parler comme ça.... 
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- Le plus titré des entraîneurs tricolore nous livre ses pronostics à l’approche de l’ouverture de la compétition.
Quels résultats attendre de l’équipe de France ?
Philippe Lucas : Muffat va être championne olympique sur 400 m, et pourquoi pas sur 200 m. Agnel peut gagner le 200 m, et prendre le bronze au 100 m. Lacourt peut gagner aussi sur 100 m dos. Et pourquoi pas un petit exploit du jeune Manaudou sur 50 m. Il peut le faire. Il y a aussi les relais. Enfin, il ne faut pas oublier Laure, on ne sait jamais.
Vraiment ?
Evidemment, il y a Franklin, la jeune Américaine, archi-favorite. C’est ses premiers jeux, elle débarque à Londres pour beaucoup nager et tout casser sans se poser de questions. Mais si Laure passe en finale du 100 m dos, elle n’aura rien à perdre.
Revenons à Camille Muffat, qui attaque son programme par le 400 m sur lequel vous aviez justement fait de Laure la championne olympique 2004. Quel sont les clés de cette épreuve ?
C’est du 400, donc c’est impossible de faire quelque chose sans une grosse caisse. Muffat a travaillé, et de ce que j’ai vu, elle ne peut pas perdre, elle est la plus forte. Si elle ne gagne pas, autant arrêter la natation parce que dans quatre ans, faut oublier. En plus, cette année, elle n’a pas des filles énormes face à elle. L’Américaine Schmitt, je ne la vois pas aller au bout, et Pellegrini ce n’est même plus trop la peine d’en parler. Reste l’Anglaise Adlington et là, attention. Je sais comment elle nage, et si vous commettez une erreur stratégique elle vous repasse à l’envers. C’est ça le 400, il ne faut pas se tromper de tactique. Si Muffat s’impose sur ce 400 m, elle basculera très forte sur le 200 m. C’est valable pour toute l’équipe de France : si les choses s’enchaînent bien, elle peut faire les meilleurs jeux de son histoire. Six médailles dont deux titres, ce serait énorme.
Camille Lacourt est en revanche menacé sur 100 m dos…
Oui, il y a Irie le Japonais, l’Anglais Tancock, mais surtout l’Américain Grevers. Je ne le connais pas trop, certains disent qu’il craque dans les grands rendez-vous, mais ses 52’’08 cette saison méritent une certaine attention. Reste que Lacourt a dominé le dos ces deux dernières années, qu’il est le champion du monde en titre. C’est un bon mec, bien élevé, gentil, j’espère qu’il gagnera parce qu’à son âge, c’est Londres ou jamais. Ce 100 m dos fait vraiment partie des courses que je veux voir ici.
Quelles sont les autres ?
Je suis là pour mes nageurs et honnêtement, je ne regarde peut-être qu’un quart des courses. Evidemment, je ne raterai pas la finale du 400 m 4 nages. Phelps et Lochte, c’est du gros. Ca va être une belle finale. Mais elles ne seront pas toutes comme ça. Comment s’intéresser au 200 m papillon ? Phelps va les laisser saliver sur la carte et leur dire «ok les gars, je vous attends pour l’apéro dans 1’53’’ !»
Et le sprint ?
Le Magnussen est au dessus du lot sur 100 m, et attention à lui sur 50 m, parce que tout le monde parle de Cielo mais avec l’Australien, Cielo, à mon avis, il est en train de prendre du Prozac… C’est la course sur laquelle sera engagé un de vos nageurs, Amaury Leveaux…
Il faut dire les choses : Momo, avec ses 21’’93, il n’est même pas en finale. Qu’il passe déjà en demi-finale, et on verra après. Et puis bon, c’est du 50 m, faut arrêter, c’est la loterie mon pote, c’est pas de la natation ! Il faut des qualités, évidemment, c’est des athlètes, des purs-sangs, pas de soucis, et c’est une course qui fait partie des jeux. Mais elle pourrait être beaucoup plus relevée car plein de nageurs n’y vont pas…
Vous ne pensez pas Amaury capable d’un gros coup ?
C’est un mec attachant, un bon mec même, mais pour boire une bière ou faire du shopping. Parce que travailler six heures par jour avec lui, c’est moins rigolo, quitte pour une cure de botox tous les ans ! On a décidé de lâcher le 200 m parce qu’il n’avait aucune chance, du coup il privilégiera ce jour là le relais 4 x 100. Moi, les relais, ça ne m’intéresse pas. Je connais des gars qui ont été vice-champions olympiques avec le relais alors qu’ils valaient le 80e temps mondial. Mais Momo, comme c’est sa meilleure chance de médaille, c’est normal que ce soit son truc…
Et la vôtre ? Toujours pas réintégré en équipe de France…
Il n’y a pas de polémique. Il m’était délicat de participer aux stages de l’équipe de France sans la totalité de mon groupe, notamment composé d’étrangères, et d’un autre côté je respecte le système de l’équipe de France. Et puis ce n’est pas simple d’accréditer tous les entraîneurs aux jeux. Là, il faut être lucide, j’ai des nageurs très moyens, pas de locomotive. Un gars comme Pannier, je suis content pour lui, il a mérité sa place aux jeux, mais lorsqu’il s’est imposé aux championnats de France, c’était déjà Tac-O-Tac, tirage, grattage et bingo !
Vous ne touchez pas non plus la préparation olympique ?
Ça, en revanche, ce n’est pas normal. Un petit billet de 1500 euros tous les mois, qui refuserait ? Faut pas rêver, il n’y a pas d’argent dans la natation en France. Sur une olympiade, ça fait environ 70 000 euros de manque à gagner. On est passionnés, on donne notre vie, mais ce n’est pas un métier facile, on n’a pas de RTT, on entraîne à 6h du mat le 14 juillet et le 1er mai, et faut pas se la raconter, on gagne zéro. J’ai 49 ans, j’ai besoin de gagner de l’argent. Après Pékin, j’avais eu une discussion avec le président de la FFN. Je proposais de monter un groupe de demi-fond à l’Insep, et je demandais à percevoir la «PO». Je n’ai jamais eu de nouvelles. J’ai pourtant apporté des résultats à l’équipe de France, et j’en apporterai encore. J’en connais qui vivent de cette «PO» depuis des années sans faire grand-chose…
N’êtes-vous pas victime de votre image ?
Peut-être, mais je ne vois pas pourquoi. Je suis travailleur, j’ai un palmarès, je ne suis pas un mec à histoires. Aujourd’hui, je ne vais pas le cacher, ma situation financière n’est pas satisfaisante, mais tous les postes intéressants en France sont occupés, et par des techniciens plutôt compétents. Il y a peut-être des choses intéressantes à faire à Narbonne ou à Montpellier, on va voir.
Si vous pouviez vous occuper du nageur ou de la nageuse de votre choix en équipe de France ?
La petite Charlotte Bonnet. Elle a une vraie vitesse de base et ça, c’est important. Elle a fait de bonnes choses. Mettez là moi entre les mains, et vous verrez… Mais bon, c’est parfois compliqué les nageurs français. Ils ont peur de tout. Une porte qui claque et boum, il n’y a plus personne…
