Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Infos pratiques pour vibrer à l'Abbé.

Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar UA90 » 13 oct. 2012, 21:45

Afin d'expliquer au plus grand nombre les revendications de l'ensemble des tribunes francaise, voici quelques articles, photos, vidéos de cette journée où la repression était au coeur de cette action symbolique où une grosse 20aine de groupes de différentes tribunes étaient présents et unis.

Tract distribué lors de la manif:
Image

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar UA90 » 13 oct. 2012, 21:50

Liste des présents:
-Butte Paillade/Armata Ultras/Indépendants
-Magic Fans
-Liberté Pour les Abonnés (Paris)
-Ultramarines
-Virage Sud Lyon
-Green Angels
-Red Kaos
-Indians Toulouse
-Saturday FC
-Armada Rumpetata
-Red Tigers
-Brescia 1911 ( Italie )
-Brigade Loire
-Brigade 26
-MNK
-Ultras Clermont
-Ultras Auxerre
-Marseille Fans
-Urban Devils et Kop Banlieue Créteil
-Merlus Ultras -Libourne Fans
-Joyriders Sochaux
-Lingon's boys Dijon
-Rouen Fans
-Brigada 74 Evian
-Section Grenat ( Suisse )
-Ultras 1890 ( Suisse )
-Sion ( Suisse )
-Ultrem

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar UA90 » 13 oct. 2012, 21:52

Manifeste adressé à la préfecture et signé par les responsable de chaque groupes présents:

Voici la motion que nous avons rédigé, prenant en compte les contributions de Toulouse, Lyon et Grenoble. PS: Dony j'ai édité car refait quelques modifs

Motion déposée suite à la manifestation du 13 Octobre 2012, rassemblant plusieurs associations de supporters françaises.




Associations ou groupements signataires de la motion :




- Butte Paillade et Armata Ultras (Montpellier),
- Red Tigers (Lens)
- Brigade 26 (Valence)
- Indians Toulouse
- Red Kaos ( Grenoble)
- MNK ( Caen)
- Magic Fans et Green Angels (Saint-Etienne)
- Ultramarines (Bordeaux)
- Brigade Loire (Nantes)
- Urban Devils et Kop Banlieue (Créteil)
- Liberté Pour les Abonnés (Paris)
- Saturday FC (Nancy)
- Virage Sud Lyon
- Joyriders Sochaux
- Lingon's boys Dijon
- Rouen Fans
- Brigada 74 (Evian)
- Ultras Auxerre
- Merlus Ultras (Lorient)
- Ultras Clermont (Clermont-Ferrand)





Préambule :


Au vu du tragique événement survenu le 21 Septembre avant la rencontre MHSC/ASSE, lors duquel un jeune supporter montpelliérain a perdu un œil, nous avons décidé d’organiser une manifestation d’envergure nationale rassemblant plusieurs groupes de supporters français, le Samedi 13 Octobre à Montpellier.


Cet incident dramatique fut un élément déclencheur, mais les revendications sont plus larges. Les supporters sont depuis trop longtemps méprisés et la répression dont nous sommes victimes est démesurée. Dans toutes les villes de France, les supporters rencontrent les mêmes problèmes. Les interdictions de stade abusives pleuvent, notre liberté d’expression et très souvent bafouée, nos droits trop souvent oubliés. Nous ne supportons plus d’être traités comme des citoyens de seconde zone, comme les parias du football, alors que sans nous les stades de France seraient à l’agonie.


Voici nos revendications principales :




1) Nous souhaitons l'abrogation de la loi sur les Interdictions de Stade Administratives (IAS).


Ces interdictions, privant l’individu visé de sa liberté d’aller et venir, sont notifiées directement par le Préfet et peuvent atteindre douze mois, voire vingt-quatre en cas de réitération de faits. Où est le respect des libertés publiques quand on peut interdire de stade quelqu’un jusqu’à 24 mois sans aucune intervention de la justice ? Cet article fait parti des articles intégrés par le Parti socialiste parmi les quinze justifiant la saisine du Conseil constitutionnel, menée avec le Parti communiste le 15 février 2011.


Nous nous questionnons fortement sur le bien fondé d'une telle mesure dans notre pays, se revendiquant être le pays des Droits de l'Homme. Comment l'Etat Français a t-il pu créer un tel système répressif, ne respectant pas un des piliers judiciaire de notre République qu’est la présomption d'innocence.


La liberté d’aller et venir, considérée comme une des libertés fondamentales aux yeux de la constitution française, est régulièrement entravée par l’administration, sans jugement, ce qui remet en cause le principe de séparation des pouvoirs exécutifs et judiciaires. L’obligation de pointage pendant les rencontres qui est assortie aux mesures d’IAS, ne fait qu’alourdir la contrainte et la privation de liberté qui pèse sur l’individu visé. Ces convocations peuvent être bihebdomadaires (championnat, coupe de France, coupe de la Ligue, coupes d’Europe, matches amicaux). Nous tenons à signaler que les IAS ont été utilisées à l’extrême et très souvent arbitrairement, sans qu’aucun fait réel ne puisse être reproché aux personnes visées par la mesure. Durant les deux dernières années, les IAS ont été délivrées à outrance, reflétant une véritable politique du chiffre de l’ancien gouvernement. Nous souhaitons vous alerter sur ce sujet afin que cette répression aveugle cesse rapidement.




2) Nous revendiquons le droit à la liberté d'expression.


Tant pour les textes que pour les images, comme le recommande le Livre Vert du supporteurisme du Ministère des Sports (Octobre 2010) ce cadre «doit reconnaître le droit à l'expression et à la critique de la part des supporters. Par exemple, ils doivent pouvoir demander la démission d'un entraîneur ou d'un dirigeant ». Tous les messages ne contenant pas d’insultes ou de propos racistes doivent pouvoir entrer dans les stades, or ce la n’est pas le cas aujourd’hui.



3) Nous demandons une suppression du « couvre-feu anti-supporters ».


Instauré par la Loppsi II, il constitue une atteinte grave aux libertés des citoyens. Cet article qui institue une présumée culpabilité collective pour les supporters fait également parti des 15 articles intégrés par le Parti socialiste dans la saisine du 15/02/11. «Le dispositif porte en lui un risque trop important pour les libertés individuelles», avait indiqué Jean-Jacques Urvoas, chargé des questions de sécurité au PS.


Il en va de même pour les interdictions de déplacement. Nous comprenons que certains matchs soient classés à "hauts risques" mais est-ce une raison valable pour interdire à des supporters de se déplacer librement ?




4) Nous demandons la fin des abus policiers et de l’impunité policière.


Nous sommes certainement le groupe social qui subit, en proportion, le plus d’abus policiers.


Nous ne comptons plus les interpellations injustifiées, les gardes à vues « pour le plaisir », les matraquages abusifs, les humiliations. Nous sommes régulièrement victimes de violences policières gratuites et restant impunies. D’autres groupes sociaux auraient bénéficiés d’un soutien national, aussi bien politique que médiatique pour les mêmes faits. Mais qui s’émeut du sort des supporters ? Hélas personne.
Nous tirons la sonnette d’alarme sur les comportements récurrents de certains policiers, pour qui les supporters sont trop souvent des cibles faciles, et les rencontres sportives un défouloir. Nous espérons vivement qu’une enquête de l’IGPN sera réalisée pour faire toute la lumière sur le tir de flashball décoché par un agent de la B.A.C, dont a été victime le supporter montpelliérain. Pour améliorer les relations entre supporters et policiers, la justice doit être impartiale.



En conclusion, d’une manière générale nous nous insurgeons contre l'acharnement tant politique, médiatique que judiciaire exercé contre les supporters ultras. Nous souhaiterions la fin de la diabolisation de l'image des supporters et demandons plus de respect. Nous rappelons que sans notre présence dans les enceintes sportives de l'hexagone, le football n’offrirait pas le même "spectacle". Pour preuve, à chaque action de « grève » entreprise par des groupes de supporters, les stades ont sonné creux et les rencontres n’ont jamais été aussi tristes. Nous ne pouvons pas à la fois servir les desseins financiers des clubs et instances du football puis être décriés dès que nous dérangeons ces mêmes instances. Les peines prises à l’encontre de supporters sont souvent totalement disproportionnées par rapports aux faits qui leurs sont reprochés. Un même délit, en fonction qu’il soit effectué en marge ou non d’une rencontre sportive ne donne pas du tout lieu aux mêmes sanctions. Nous sommes choqués par la disproportion de la répression dont nous sommes victimes, des délits mineurs donnent lieu a de fortes sanctions, seulement parce qu’ils sont effectués en marge de rencontres sportives.

Par cette marche collective, où étaient présents les supporters de différentes villes françaises, nous souhaitons signifier aux autorités et instances du football que désormais les ultras de France se battront pour leur libertés et pour être considérés comme n'importes quels autres citoyens français.

En conclusion, nous ne souhaitons pas de traitement de faveur, nous demandons seulement plus de justice afin d'être traités comme tout citoyen français. Nous demandons que nos droits et libertés soient respectés.



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Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar Rominet » 13 oct. 2012, 23:48

"Ultras unis pour nos droits". Petite question, suite à AJA-Montpellier, est-ce que les autres groupes Ultras sont venus soutenir les responsables des groupes ajaïstes ?

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar uasco » 14 oct. 2012, 10:28

oui, de très nombreux messages de soutiens ont été apporté aux assos (france, belgique, suisse....)

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar Le Téméraire » 14 oct. 2012, 11:41

"Interdire la BAC et les flash ball", il faut tout de même pas exagérer!, certains matchs sont classés à risque car ils existent des risques d'affrontement avec jets de projectiles divers et variés.

La police est censés ripostée comment lorsqu'elle fait face à des individus qui veulent en découdre?, avec des balles en mousse!

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar uasco » 14 oct. 2012, 12:17

non mais c'est en reference à l'utilisation abusive à montpellier ou un sup a perdu un oeil.Tout els temoins sont formels, il n'ya avait pas lieu d'utiliser un flashball pour interpeller une personne, à l'exterieur du stade qui plus est, et pour seul motif, parce qu'il avait perdu un fumigene en marchant. Aucune lois en mentionne le fait que le port d'un engin pyrothechnique(de type fumigene) et interdit dans la rue.


Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar Le Téméraire » 14 oct. 2012, 12:49

OK avec ton exemple mais sur le tract, il est indiqué "Interdire la Bac et l'utilisation de flashball autour des stades"!

Etre Ultras, c'est un choix qui parfois entraine des comportements excessifs aux abords et à l'intérieur des stades. C'est pour cette raison que la présence policière avec des équipements justifiés ne me gêne pas.

Je te précise que je n'ai absolument rien contre le mouvement Ultras, bien au contraire. Pour exemple, depuis la dissolution des groupes de supporters parisiens, le parc des Princes a perdu son âme.

D'autre part, j'apprécie également le dévouement des groupes Ultras pour leurs équipes, les tifos organisés, le temps passé sur les routes afin de soutenir son équipe dans les quatre coins de l'héxagone, l'esprit de "famille entre les membres etc.. :super:

Néanmoins, il existe parfois des dérives (surtout dans la période avant match )aux abords des stades et pour cela, il doit y avoir un rempart.

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar Oswald » 14 oct. 2012, 16:59


L'AJA est bâtie sur pierre, l'AJA ne périra (peut-être) pas.

Re: Manifestation "Ultras" à Montpellier 13/10/12

Messagepar aja75013 » 14 oct. 2012, 19:14

News:
On était à la manif des ultras à Montpellier
Un millier de supporters ultras venus de toute la France ont défilé samedi après-midi dans les rues de Montpellier contre la « répression abusive » dont ils s’estiment victimes, suite à la blessure subie par un supporter héraultais fin septembre. So Foot s'y est abîmé les tympans.

Manifestations des ultras à Montpellier, le samedi 13 octobre
Tout a été minutieusement organisé, jusqu’à une répétition générale la veille sur la place du Peyrou, point de départ de la manifestation, afin qu’aucune bévue ne vienne entacher le dispositif prévu par les ultras montpelliérains. « Ca fait 10 jours qu’on se voit presque tous les soirs pour que tout soit nickel », confie Sylvain, leader de la Butte Paillade, qui organise ce rassemblement avec l’Armata Ultras, l’autre groupe local. C’est que faire cohabiter le temps d’une journée dans une même ville et au sein d’un même cortège, ultras stéphanois, lyonnais, nantais, bordelais, toulousains, nancéens ou grenoblois, accompagnés de quelques fans marseillais en marge des associations locales et des abonnés parisiens éconduits par le plan Leproux, ce n’est pas si évident. « On est là pour montrer à tout le monde qu’on n’est pas des abrutis finis et qu’on peut marcher côte à côte pour défendre nos droits. Et aussi pour faire comprendre aux jeunes de notre groupe qui pensent beaucoup aux rivalités qu’il n’y a rien qui ressemble plus à un ultra qu’un autre ultra », déclare Romain, responsable de la Brigade Loire de Nantes. « On n’a pas tous le même club, mais on a tous la même passion » résume Vince des Ultras Auxerre, venus sans leurs balles de tennis :mrgreen:

Unis, mais à distance

Savoir surmonter les inimitiés pour défiler ensemble procure aux ultras un mélange d’étonnement et de fierté. « Y a quand même de sacrées rivalités sur cette place » souffle un Stéphanois en embrassant du regard l’esplanade du Peyrou. Pour éviter tout problème, les organisateurs ont cependant pris soin d’éloigner les groupes les plus antagonistes. L’arrivée de chaque contingent est saluée par des applaudissements nourris et des chants communs. Chacun en profite aussi pour dévisager les autres groupes, qu’il n’est pas fréquent de voir de si près. Lors de la conférence de presse lançant la manifestation, Sylvain se félicite de ce large rassemblement : « On prouve à tout le monde qu’on est mature, qu’on est des grandes personnes. Cette manifestation, c’est une vitrine pour le mouvement ultra ». Même les supporters lyonnais du virage sud, qui font d’ordinaire plutôt « cause seuls » selon leur porte-parole, Floriano, ont fait le déplacement afin « d’envoyer un message fort ».


Un message d’unité néanmoins pas entendu par tous, certains groupes, comme les voisins nîmois, ayant préféré s’abstenir plutôt que de côtoyer leurs ennemis. D’où une absence de marque, celle des ultras de la populaire sud de Nice, auparavant rassemblés au sein de la Brigade Sud dissoute par les autorités en 2010. Eux qui sont depuis plusieurs années en pointe dans la défense des intérêts du monde ultra ont salué, dans un communiqué, l’initiative de leurs collègues montpelliérains, avec lesquels il leur arrive pourtant de se frictionner, mais ont refusé de cohabiter avec les ultras lyonnais coupables de leur avoir volé leur banderole il y a quelques années.

De Nice à Montpellier

Cette manifestation n’est pas un coup d’essai pour les ultras héraultais. En mai 2008, ils avaient déjà participé à un rassemblement d’envergure à Nice, suite à la dissolution des Boulogne Boys parisiens, un autre défilé ayant lieu dans le même temps à Lens*. Ces événements avaient progressivement permis, malgré d’importantes divergences de vues internes, de former une Coordination Nationale des Ultras porteuse d’une plateforme de revendications. A l’automne 2009, ses représentants avaient même rencontré la secrétaire d’Etat aux sports puis participé au congrès national des associations de supporters organisé par la même Rama Yade en janvier 2010 au Stade de France. Mais la mort, quelques semaines plus tard, de Yann Lorence en marge d’un PSG-OM de triste mémoire avait brutalement interrompu le processus de dialogue, mis en évidence les lignes de fracture parmi les ultras et renforcé la répression dans les enceintes sportives et à leurs alentours. Depuis, au sein du monde ultra, plus grand monde ne pensait possible une manifestation unitaire.


Les Pailladins étaient sans doute les derniers à y croire, comme en témoigne leur manifestation organisée l’an dernier avec les ultras niçois . L’union, hier improbable, est devenue réalité après la blessure subie fin septembre par « Casti », un jeune ultra de la Butte Paillade qui a perdu un œil avant un match contre Saint-Etienne du fait, selon les ultras, d’un tir de Flashball .

Solidarité avec « Casti »

La volonté de rassembler les ultras français « est revenue à l’ordre du jour chez nous après ce qui est arrivé à Casti. Cette histoire nous a remontés dans les deux sens du terme. Contre la répression abusive dont on est victime. Mais elle nous a aussi motivés positivement. Quand on a vu l’élan de solidarité dans tous les stades de France, on s’est dit que c’était l’occasion de faire quelque chose tous ensemble. On a voulu profiter de cet événement pour faire entendre les revendications des ultras », explique Sylvain.

Les participants à la manifestation font, unanimement, de la blessure de Casti l’élément fédérateur. Paul, des Indians de Toulouse, résume un sentiment partagé : « C’était tout à fait naturel pour nous de nous sentir concernés car ça aurait tout aussi bien pu être un jeune de notre groupe, de notre tribune ou de notre ville. C’est la moindre des choses de faire preuve de solidarité et de s’inscrire dans une démarche de justice ». Même son de cloche chez Aurélien, responsable des Magic Fans de Saint-Etienne : « On était les premiers concernés puisque l’incident a eu lieu avant notre match à la Mosson. Les délais de la manifestation étaient un peu courts, mais les Montpelliérains ont eu le courage de l’organiser. On se devait d’être présents pour soutenir Casti ». « Ce qui est arrivé à Casti, c’est l’incident de trop qui fait déborder le vase » souligne Vince l’Auxerrois. Comme de nombreux groupes, les Red Tigers lensois ont, comme l’explique Pierre, « organisé une quête pour aider les Montpelliérains dans les différentes démarches qu’ils vont engager pour obtenir justice pour leur supporter blessé. On profite de la manif pour leur remettre l’argent ».


Malgré son état physique, Casti a tenu à venir pendant une petite heure au départ de la manifestation. Il en a profité pour saluer les groupes présents, qui l’ont chaleureusement applaudi, avant d’être littéralement harponné par les médias locaux. « C’est magnifique de voir tous ces supporters réunis. C’est impressionnant l’impact que ça a pu avoir dans toute la France. Ca me motive à garder le moral tous les jours », a déclaré le jeune montpelliérain. Très touché et manifestement affaibli, protégé de la pression médiatique par les organisateurs de la manifestation, Casti livre quand même un discours combatif : « Contrairement à ce que certains médias ont dit, mon œil, je ne le récupérerai pas. Et il n’y avait absolument pas de légitime défense de la part du policier. L’injustice est trop grande pour qu’on laisse passer ça ».

Contre la « répression abusive »

Derrière l’émotion suscitée par cet incident, des revendications plus larges émergent. Ce sont globalement les mêmes qu’en 2008, mais, de l’avis général des ultras, leur situation a empiré depuis. « Aujourd’hui, le mouvement ultra est écrasé par une répression qui n’a plus rien de rationnel », estime Paul des Indians. « On n’est pas des anges, martèle Sylvain en début de manifestation, mais quand on fait des conneries, on les assume. Ce qu’on dénonce, c’est les sanctions disproportionnées pour des faits mineurs ». Fabien, ultra clermontois renchérit : « Il peut y avoir des abus du côté des ultras, mais il faut que les sanctions soient adaptées ». « Sous prétexte de s’attaquer aux violences et aux hooligans, c’est aux ultras qui animent les stades qu’on s’attaque en réalité » affirment de concert plusieurs voix venues de tous les virages de l’hexagone.

Les interdictions administratives de stade (IAS) décidées par les préfets sur la foi de rapports de police, sont en ligne de mire. Distinctes des interdictions judiciaires de stade (IJS), ces IAS se sont développées ces dernières années. Deux lois ont même allongé leur durée en 2010 puis 2011. « Où est le respect des libertés publiques quand on peut interdire de stade quelqu’un jusqu’à 24 mois sans aucune intervention de la justice ? », dénoncent les ultras dans la motion remise à la préfecture de l’Hérault par 8 de leurs représentants (2 Montpelliérains, 2 Stéphanois, 1 Parisien, 1 Marseillais, 1 Nantais et 1 Lyonnais).


Face au directeur de cabinet du préfet de l’Hérault, l’un des anciens responsables de l’association Liberté pour les abonnés (LPA, rassemblant des anciens supporters du virage Auteuil comme de la tribune Boulogne et qui a décidé de se dissoudre au printemps dernier affirme avoir « fait valoir que la plupart des interdictions administratives de stade ne concernent pas des faits de “hooliganisme”. Au contraire, les vrais faits de violence, comme les “fights” dans les bois dont notre interlocuteur nous a parlé, ne sont pas traités par l’actuelle vague répressive. »

« Citoyens de seconde zone »

La LOPPSI II , sévèrement dénoncée par Nicolas le responsable des Green Angels stéphanois, est dans le collimateur. Dans leur texte commun, les ultras rappellent que le Parti Socialiste, alors dans l’opposition, avait déposé une motion de censure devant le Conseil Constitutionnel intégrant les articles 60 et 61 de la LOPPSI II concernant les supporters. Interrogée dans le n°98 de So Foot, Valérie Fourneyron, la ministre des sports, a fait preuve de prudence à ce sujet estimant qu’il fallait « creuser les propositions contenues dans le Livre vert du supportérisme » et qu’il y avait « certes (..) parfois des excès qui mènent à des restrictions des libertés individuelles », mais qu’elle n’avait pas envie de « revenir sur ce qui a été fait et souvent bien fait » par ses prédécesseurs en matière répressive et législative.

Les ultras ne partagent pas cet avis. Nicolas poursuit au micro : « On est une catégorie de personnes qui n’a pas les mêmes droits que tout le monde, notamment le droit de se déplacer librement ». Tous réclament plus de « respect » et demandent à ne plus « être traités comme des citoyens de seconde zone ». Le porte-parole de l’ex-LPA précise : « On ne demande pas de traitement de faveur, mais on ne veut pas de lois d’exceptions qui criminalisent les ultras. Ca fait déjà deux ans qu’on manifeste à Paris et pour nous, le citoyen prend le pas sur le supporter. C’est avant tout en tant que citoyens qu’on est là, pour défendre nos libertés face à des mesures de plus en plus liberticides. » Avant de les décliner : « A Paris, on n’a plus de liberté d’expression dans les stades, plus de liberté d’association, ni même de circulation. Est-ce que toutes ces mesures seraient acceptées si elles étaient appliquées à une autre population ? Je ne crois pas ». En tout cas, « Liberté pour les ultras » fut le slogan phare de la journée.

A la chaleur des fumigènes

C’est finalement en milieu d’après-midi, sous un soleil de plomb – pour la période – qu’un millier d’ultras selon nos estimations (dont une cinquantaine de filles surtout dans les rangs locaux), venus de toute la France par dizaines ou à quelques unités, ont défilé dans le centre-ville de Montpellier. Ou plus exactement à ses marges, la préfecture n’ayant pas souhaité que le cortège traverse l’hyper-centre ce qui a suscité d’âpres négociations entre organisateurs et autorités quant au parcours.

En tête de cortège, les Pailladins arborent une banderole : « Ultras, unis pour nos droits ». Les bâches de groupe n’étant pas acceptées, chaque contingent défile derrière le nom de sa ville ainsi qu’une référence à Casti ou à la lutte contre la répression. Les fumigènes et pots de fumée colorent le cortège, alors que de nombreux pétards assourdissants font sursauter les passants, dont certains sont surpris voire apeurés. Tandis que les quelques fans marseillais exhibent un calicot « Dissolution de la BAC, pas seulement à Marseille », les Toulousains brandissent des pancartes de CRS derrière une banderole : « Venez au stade, ça change tout. LFP ».


C’est que la Ligue et son président fraîchement réélu font partie des cibles privilégiées des manifestants. Mais les policiers en prennent aussi pour leur grade. Face à l’imposant dispositif policier barricadant littéralement l’hyper-centre de Montpellier, les Lyonnais et Stéphanois parviennent encore à se distinguer, les premiers entonnant de vibrants « A.C.A.B : all cops are bastards » dans la langue de Shakespeare, pendant que leurs meilleurs ennemis préfèrent clamer dans celle de Garibaldi « Sbirri di merda ». Pour la même signification, au final… Malgré les craintes des organisateurs et des autorités, la manifestation s’est déroulée sans incidents, à l’exception d’un moment de flottement en queue de cortège quand un individu non identifié a été surpris en train de détériorer des voitures avant d’être chassé manu militari par les organisateurs dont certains sillonnaient le cortège en scooter.

« Pour un football populaire »

Alors que tous les groupes s’étalent en arc-de-cercle sur la place de l’Europe, lieu d’arrivée du cortège, les organisateurs et responsables des groupes participants ne cachent pas leur satisfaction devant le bon déroulement de la manifestation. L es membres du collectif SOS-Ligue 2 en profitent pour inviter tous les supporters à se joindre à leur combat contre les matches le vendredi à 18h45. Alors que le collectif va bientôt être reçu par la LFP et BeIN Sport, un responsable du Malherbe Normandy Kop de Caen rappelle que ces horaires privent de nombreux fans de leur passion. Une évolution qui s’inscrit, selon Fabien des Ultras Clermont, dans un projet plus vaste des autorités du football de transformer les stades afin d’accueillir uniquement des spectateurs assis, triés sur le volet par un prix prohibitif des billets. Pour Nicolas des Green Angels, « les classes sociales présentes dans la manifestation représentent mieux le football que Frédéric Thiriez » et incarnent « la culture populaire du football ».

Mais le défilé s’est achevé, de manière plus surprenante, par deux prises de paroles fortes. C’est d’abord Paul des Indians, qui établit un lien direct entre l’image des ultras et la blessure subie par Casti. Il reproche vertement aux médias de faire passer les ultras pour des « fous » et s’interroge sur leur capacité à rendre compte de cette manifestation : « Les journalistes et la LFP criminalisent et stigmatisent les ultras. La question des supporters a été mise à l’agenda politique comme un problème public majeur au-delà des réalités. Ces discours conditionnent les flics à nous tirer dessus ».


C’est ensuite un ancien ultra marseillais qui pointe la schizophrénie des ultras « capables de se rassembler de manière unitaire mais prêts à en découdre si l’opportunité se présente ». Avant d’aller beaucoup plus loin et de reprocher à certains ultras qui dénoncent les interdictions de stade arbitraires d’en appliquer eux aussi, de fait, à des supporters de leur club avec lesquels ils sont en conflit : « Comme les Parisiens, on ne peut plus aller dans notre stade, mais, nous, ce n’est pas le club qui nous a viré, ce sont les groupes de supporters afin de maintenir leur business dans les virages du stade Vélodrome ! » Des groupes marseillais, dont l’absence a été remarquée lors de la manifestation, et qui n’ont donc pas pu répondre à ces critiques.

Et après ?


Comme certains ultras ayant refusé de se joindre au défilé l’ont fait remarquer, manifester c’est bien, mais il faut que ça ne reste pas un coup d’épée dans l’eau. Même parmi les participants, certains sont sceptiques : « Cette manifestation est davantage un cri de rage qu’une croyance en la possibilité de changer la situation des supporters dans le football français » selon Paul le Toulousain, dont l’avis est largement partagé. Conscients de l’ampleur de la tâche et des difficultés des ultras à s’inscrire durablement dans des actions collectives, plusieurs responsables ont insisté dès la conférence de presse inaugurale sur l’importance des suites de ce défilé. « Le plus important, c’est l’après-manif » a martelé Romain de Nantes. « La manifestation doit être l’élément déclencheur afin que, derrière, les groupes se réunissent et décident d’actions communes » affirme Pierre, des Tigers lensois qui fermaient la marche du cortège. Romain renchérit : « On espère beaucoup de l’après-manifestation. Si on montre qu’on est capable de s’unir, qu’on est capable de parler et d’être un acteur du football, si un mouvement national coordonne des actions, c’est là qu’on montrera qu’on est mature. Il faut s’organiser pour faire entendre notre point de vue ».

Vaste programme alors que les participants n’ont manifestement pas tous la même vision de la forme que devraient prendre leurs actions collectives futures. Quand certains prônent une « grève générale » dans les stades, d’autres pensent qu’il faut continuer à les animer. Quand les uns insistent sur la nécessité de répéter ce genre de manifestation pour renforcer la « visibilité » de leur cause en s’appuyant simplement sur les contacts noués, d’autres aspirent à une véritable structure collective permettant de débattre et de planifier les actions. Pour que ce défilé ait une utilité, il faudrait également que l’esprit responsable de ce samedi gagne les troupes ultras au quotidien. Plusieurs ultras nous ont ainsi affirmé n’avoir pas voulu se joindre à un défilé dont tous les participants n’adoptent pas, selon eux, un comportement approprié et conforme aux règles ultras, auxquelles plusieurs orateurs ont fait référence. D’autres participants se sont dits gênés par la présence d’indépendants (autrement dit de hooligans) dans la manifestation. Quant aux innombrables pétards qui ont accompagné certaines parties du cortège, on n’est pas persuadé qu’ils soient une excellente publicité pour la cause ultra…

Les autorités prudentes

Pour que cette manifestation ait des suites positives, il faudrait aussi que les autorités sportives et publiques soient à l’écoute de la rue ultra. Le directeur de cabinet du préfet qui a reçu les supporters l’a globalement été, selon les participants. Romain en a profité pour répéter : « Nous sommes des ultras, pas des hooligans, nous sommes des associations loi 1901, avec des responsables dont vous avez les noms. Vous avez tout intérêt à nous avoir comme interlocuteurs ». Mais, pour l’instant, les pouvoirs publics sont plus que sur la réserve. Contacté par So Foot vendredi, Antoine Boutonnet, le responsable de la Division Nationale de Lutte contre le Hooliganisme, n’a souhaité apporter « aucun commentaire » sur cette manifestation. Avant de rappeler samedi dans un communiqué que « l’arsenal législatif et l’action de l’Etat en partenariat avec les instances du football ont permis ces dernières années d’obtenir des résultats très significatifs en matière de lutte contre le hooliganisme et les violences péri-sportives ». Au même moment, le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Pierre-Henry Brandet, bien connu des amateurs de sport télévisé, a lui concentré ses arguments sur les incidents de Montpellier – Saint-Etienne.

Contrairement à ce que prétendent les ultras, il a assuré que « rien ne permet d’affirmer que c’est un tir policier » qui a blessé Casti. Avant d’ajouter : « Ce qui est sûr, c'est que des fonctionnaires de police ont été très violemment pris à partie par une trentaine d'individus et ils ont dû faire usage de la force pour se dégager », version que les ultras montpelliérains contestent en affirmant que ces incidents ont bel et bien eu lieu, mais après, et non avant, la blessure de Casti et donc en réaction à celle-ci. Sollicitées avant la manifestation, la LFP et de l’UCPF, mobilisées il est vrai par les élections à la tête de la Ligue, n’ont pas souhaité nous répondre. S’il est compréhensible que les instances attendent de voir ce qui va déboucher de ce rassemblement ultra, il serait bon qu’elles créent de leur côté les conditions d’un dialogue constructif avec des individus qui se sont mis en avant nommément et à visage découvert. Sans quoi cette journée de manifestation risque de ne pas avoir les effets positifs escomptés par les participants.

Par Anthony Cerveaux et Nicolas Hourcade, à Montpellier