Jod a écrit :C'est ni moche ni beau, c'est juste la réalité économique de la vie des clubs... Si tu crois que le Président d'un club monte son budget en fonction de l'EdF, quelque soit le sport d'ailleurs... Son but, c'est de monter la meilleure équipe pour obtenir les meilleurs résultats à son niveau, et c'est déjà pas si mal, tous n'y arrivent pas... Et si ça profite par rebond à l'EdF, tant mieux...
Jusqu'à aujourd'hui les responsables de la FFR et de la LNR ont été incapables de trouver des aménagements qui puissent satisfaire et les clubs et le XV de France. D'où ce paradoxe en France, celui de voir la sélection nationale devenir une nation de rugby de second rang quand les clubs français sont en train d'engranger les titres européens.
En Angleterre (pour ne parler que de ce pays), la RFU a élaboré avec les représentants des clubs de la Premiership un plan d'action (notamment sur le calendrier, une mise à disposition assez longue des joueurs pour la sélection nationale, une continuité avec une génération de joueurs présents dans le XV d'Angleterre qui évolue ensemble depuis les sélections en U20, etc.) qui permet au XV de la Rose d'être ultra compétitif et aux clubs anglais de bien figurer en Coupe d'Europe.
En France, on n'a pas réussi à défaire l'opposition entre le XV national (FFR) et les clubs (LNR). Les intérêts sont nombreux et divergent le plus souvent.
Jod, tu parlais plus haut de la formation. Tu semblais te satisfaire de la bonne place du RCT. Pourquoi pas ?
La réalité de la formation en France est cependant moins réjouissante. En plus de la situation du Leinster (qui est loin d'être un cas à part), je t'offre à lire l'article qui suit :
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- Le rugby français face à son futur
Par Christian Grégoire
Publié le 18/02/2013
Les piètres résultats du XV de France lors de ses deux premières sorties dans le Tournoi des Six nations, et ses lacunes en matière d’inspiration de jeu, a remis en évidence le vieux dossier de la formation avec une question récurrente : comment se fait-il qu’avec un réservoir aussi important que celui du rugby français, l’encadrement tricolore soit à la recherche d’alternatives à certains postes ? C’est là qu’intervient le débat et les pistes nécessaires sur la formation, car si les joueurs ne manquent pas, contrairement à leurs voisins, ils jouent peu au plus haut niveau.
Le début du Tournoi a mis le rugby français devant certaines de ses carences. Le forfait de Brice Dulin et le manque de forme de Maxime Médard ont mis en lumière un manque d'arrières de haut-niveau en France. La sélection du troisième ligne Sud-Africain Antonie Claassen dans le groupe de 23 pour le prochain Angleterre-France a également interrogé à un poste où évoluent de nombreux talents français (Lapandry, Gunther, Lauret, Lakafia,...). Les postes de demis ne sont pas très fournis...Le questionnement est surtout le fait des responsables comme le Directeur technique national Jean-Claude Skrela : "Cela fait quatre ou cinq ans que je dis que le XV de France est en danger. Et plus on avance, plus il va être en danger", martèle-t-il. "Dans notre équipe des moins de 20 ans l'an dernier, il y avait quatre joueurs titulaires ou quasi-titulaires en Top 14. Ce n'est pas suffisant", estime de son côté Fabien Pelous, le manager de l'équipe de France moins de 20 ans.
Repenser la formation
Consciente de ce retard, la Fédération (FFR), principal acteur de la formation avec les clubs via les pôles Espoirs (dix en France) et le pôle France de Marcoussis, a lancé le chantier. Une commission, créée fin 2011 et pilotée par Fabien Pelous, doit rendre ses conclusions prochainement. pour repenser précisément la formation. Avec plus de 400.000 licenciés, la France bénéficie d'un des plus forts réservoirs de joueurs au monde avec l'Angleterre (près de 700.000) et l'Afrique du Sud (plus de 600.000), loin devant la Nouvelle-Zélande, l'Irlande (150.000 environ chacun) ou l'Australie (90.OOO). "Alors comment se fait-il que le pays de Galles, avec 65.000 licenciés, sorte des joueurs mieux formés que nous ?" interroge Fabien Pelous.
Les clubs sont régulièrement pointés du doigt car, face aux enjeux sportifs et économiques croissants, ils préfèrent souvent recruter un joueur étranger opérationnel immédiatement plutôt que de lancer un jeune qui a besoin de temps pour s'aguerrir. En 2012-13, 40% des joueurs du Top 14 sont étrangers. Le dispositif des "Joueurs issus des filières de formation" (Jiff) mis en place en 2009 impose aux clubs d'avoir dans leur effectif professionnel un quota de joueurs dits "Jiff" (justifiant d'au moins cinq saisons comme licencié FFR avant l'âge de 21 ans ou de trois saisons passées au sein d'un centre de formation entre 16 et 21 ans). Mais cette mesure est encore récente et avec la dilution de son calendrier d'application, ses effets sont encore difficiles à évaluer. D’autant que certains clubs font venir des jeunes étrangers dans leur centre de formation pour qu'ils soient Jiff d'ici trois ans.
Elitisme contre Championnite
Malgré tout, le problème ne vient pas uniquement de l'étranger. Le rugby français dispose de jeunes joueurs français à fort potentiel, mais la compétition Espoirs, censée être un palier avant l’équipe première, et son niveau de jeu ne correspondent pas aux exigences du secteur professionnel. Selon beaucoup de techniciens, les compétitions Espoirs actuelles permettent de jouer mais pas de progresser. Elles devraient être relevées dans leur niveau d'exigence et modifiées pour que les meilleurs jeunes de 18 à 23 ans soient confrontés de façon régulière à des échéances de matches. Aujourd'hui, le Top 14, c'est enchaîner des matches et les compétitions Espoirs ne sont pas un enchaînement de matches de niveau suffisant. Plusieurs responsables en clubs estiment également qu'il faut augmenter le nombre de contrats professionnels autorisés dans une équipe Espoirs, aujourd'hui limité à deux. Du coup, certains jeunes joueurs sous contrat pro s'entraînent avec l'équipe première, sans forcément jouer les matches, mais ils ne peuvent pas jouer en Espoirs quand les deux places sont déjà prises. Il faut aussi resituer le cadre de la formation.
"Certains clubs sont dans une championnite alors qu'à cet âge-là, il faut encore parfaire la formation et y passer plus de temps que sur la préparation de la compétition", confirme Pelous. "Les clubs du Top 14 ont une problématique que je comprends: la victoire à court terme. Si nos jeunes ne jouent pas, c'est d'abord parce qu'ils ne sont pas au niveau. On fait une formation de masse, il faut passer à une formation plus élitiste", estime l'ancien capitaine du XV de France, en soulignant le rôle moteur de la FFR. "C'est à la Fédération notamment de prendre les choses en mains et livrer clés en main un certain nombre des joueurs prêts pour le Top 14.
"Aujourd'hui, on est dans une formation très pyramidale avec une large base de joueurs et au fur et à mesure, on réduit, on sélectionne, explique Pelous. Il faudrait peut-être arrêter cette sélection à un moment pour se recentrer sur un groupe de joueurs, même en le laissant ouvert, et le faire évoluer de manière à être efficace sur les compétitions internationales de jeunes et pour avoir des joueurs de 21 ans prêts au Top 14". Ce sont là autant de pistes explorées pour réformer la formation dans le rugby français et permettre de "sortir 20 joueurs de haut niveau par an, ce qui est nécessaire pour pouvoir renouveler notre vivier".
Les calendriers des meilleurs centres de formation de Top14 et de ProD2, c'est bien. ça en contente quelques uns.
Mais il n'empêche qu'en matière de formation, la France est encore très loin du compte. Si les clubs continuent à s'enfermer dans le court-termisme, on peu prédire un triste avenir pour notre sélection nationale.
Un rugby français à deux vitesses, ça intéresse qui ? Pas moi en tout cas.