Carlos Betancur est un jeune colombien de 22 ans, pétri de talent, un puncheur dans le pur style colombien, c'est-à-dire petit et véloce.
En 2010 il avait remporté le "Baby Giro", (terme que je trouve péjoratif mais ça passe en italie), mais qui équivaut au Tour de l'Avenir version italien, donc avec + de montagnes que sur 'notre' tour de l'Avenir.
Il a gagné l'an dernier le Tour d'Emilie, qui se conclut à Bologne au terme d'une côte particulièrement difficile et raide, la montée de San Luca.
Pour le résumer rapidement : + les côtes sont raides, idéalement avec des étapes longues, + il apprécie.
Il a fini 3e à la Flèche Wallonne c'est pas mal ! Depuis 1999, jamais une équipe française n'était monté sur le podium d'une classique ardennaise !
Et là, c'est son 1er grand tour. Le Giro et l'Italie étant un pays de côtes raides et souvent courtes, c'est fait pour lui !
Son ascension en terme de palmarès est régulière, donc pas de quoi supposer du doping, même s'il faut toujours se méfier. Mais une belle marge de progression, surtout que stratégiquement, on sent qu'il n'a pas encore un sens aigu de la course et qu'il peut apprendre encore : il avait les jambes avant-hier pour gagner l'étape ça ne fait aucun doute, mais il n'a pas osé gicler sur Pozzovivo de son équipe avant que Nibali ne le rattrape (parce que revenir sur un équipier mis en avant pour user et jauger l'adversaire, ça ne se fait pas), mais si Betancur avait giclé du groupe Evans-Nibali 1km avant son attaque, il aurait peut-être condamné Pozzovivo qui certes lui préparait le terrain, mais il aurait pu mieux revenir dans des pentes + raides donc + à son avantage sur Rigoberto Uran (autre colombien puncheur lorsqu'il n'est pas au service de ses leaders à la Sky). Il a attaqué à la fin des pentes à 12%, lorsque ça revenait à 7%-8% puis un dernier km quasi plat... là où Uran était comparativement + fort que Betancur, pourtant + frais.
Bref, à 22-23 ans, il est promis à un bel avenir, je pense qu'on en entendre à nouveau parler.
Autre point : vu que c'est son 1er grand tour, je doute qu'il sache ce que veut dire "économie d'énergie"... donc à mon avis, soit il s'écroulera durant la 3e semaine, soit il fera l'impasse sur 2 ou 3 étapes, ou alors il est très très fort.
Ceci dit, là on le voit dans une étape à montées courtes et raides, mais dans une ascension longue et moins pentue genre Galibier dimanche (s'il se grimpe, à cause de la neige, prévue dès 1800m), à mon avis, il ne réussira pas à suivre les meilleurs, car c'est un tout autre effort.
Dimanche, on annonce de la neige en giboulées dès 1800m, et une température maximale de -2°C au sommet.
http://meteonews.fr/fr/Meteo/G3016761/Col_du_Galibier" onclick="window.open(this.href);return false;
Même le col du Mont-Cenis prévu dans l'étape risque d'être limite à passer avec ses 2100m... Par chance, le côté italien, + escarpé et dangereux, est pris sens montée, et le sommet du col se finit par un gros faux plat montant surplombant un magnifique lac. Quant au côté français, c'est une route large, bonne visibilité, et modérément pentue, donc peu dangereuse. Je crois même que le record de vitesse d'un cycliste dans le Tour de France a été atteint dans cette descente il y a quelques années, c'était un français, vers 110-115km/h. Moi-même en vélo, j'avais atteint la vitesse de 75km/h dans cette descente, sans jouer aux kamikazes.
http://meteonews.fr/fr/Meteo/G2992851/Col_du_Mont_Cenis" onclick="window.open(this.href);return false;
Pour revenir au Giro, ça risque juste d'être impossible de faire une arrivée au sommet à 2650m et même à 2550m au tunnel du col, et pas que pour les risques d'avalanche... Alors ils la feraient peut-être à 2200m aux Granges du Galibier, au + haut qu'ils puissent, là où les températures seraient positives de justesse, juste pour éviter la neige et le verglas au sol, dans une étape qui risque d'être aussi folle que Milan-San Remo.
C'est fou de penser à ça à la mi-mai...
