Messagepar Le Milan » 31 oct. 2017, 18:25
Déjà sur l'OM, maintenant on sait ce qu'il s'est passé globalement, donc évitons de dire n'importe quoi. Labrune avait négocié (longuement) la prolongation de contrat avec Bielsa. Au dernier moment, l'avocat de Margarita Louis-Dreyfus, le dénommé Igor Levin a voulu changer certaines clauses. Connaissant l'animal, il était évident que Bielsa allait voir rouge. Derrière cela devient un peu machiavélique quand on voit que Michel arrive quasiment dans la foulée. Et on apprend que Labrune l'avait déjà rencontré avant que Bielsa démissionne, qu'il avait déjà supervisé plusieurs matchs de l'OM et annoncé à Labrune les renforts qu'il souhaitait.
Bref, Labrune s'était acheté un crédit en faisant venir Bielsa qui était aimé par une bonne partie des supporters olympiens (pas tous, c'est vrai, on a tendance à l'oublier). Mais Bielsa était devenu plus important que le club : erreur inconcevable pour un soi disant grand club, d'où cet imbroglio relatif pour aboutir finalement à son départ... mais de son propre chef : "On ne l'a pas mis dehors, c'est lui qui est parti".
A la Lazio, ce serait des promesses non tenues sur le recrutement qui l'auraient fâché. Mais dans les deux cas, deux démissions rapides, sans rien négocier. On peut largement critiquer la méthode et la pratique, mais y voir un homme d'argent... A l'époque de sa démission de Marseille, on l'avait accusé d'avoir déjà une porte de sortie au Mexique, sauf qu'il n'y est pas allé.
Sur le cas lillois, on est pour le moment sur des rumeurs de presse (l'histoire des 14 millions), ce qui peut-être vrai comme faux (démentie par le club d'ailleurs). Je constate simplement que sur l'historique de Bielsa, on voit qu'il refuse beaucoup de projet, n'hésite pas à claquer la porte unilatéralement. Il a quand même pas le profil d'un type qui pinaille sur ses indemnités chômages et de courir après le cachet. Sinon comme l'a dit Max, cela ferait un moment qu'il serait allé dans un championnat dit "exotique" (Chine ou Qatar par exemple).
Sur l'entraineur en lui-même, son truc c'est clairement de faire progresser des jeunes joueurs. Ce n'est pas un entraineur de joueurs confirmés comme on les trouve dans les grands clubs. Si on ajoute à cela son caractère instable, on comprend vite pourquoi, il n'a jamais entrainé un "grand club", même s'il a eu quelques équipes puissantes. Et même s'il n'a pas gagné beaucoup de titres, il a quand même eu des résultats marquants dans la quasi totalité de ses équipes.
C'est un véritable théoricien du jeu, qui a une énorme réflexion sur comment devrait-être joué le football. En France, on connait mal le football argentin, mais ce dernier a produit énormément de "penseurs du foot" (de Menotti à Bilardo), avec des débats incroyables dans la presse. Bielsa s'inscrit dans cette veine. C'est pourquoi il a séduit et influencé de nombreux entraineurs hispanophones et autres (Guardiola, Pochetinno, Simeone, Sampaoli pour les plus récents). Au Chili par exemple, il a imposé durablement sa marque sur la sélection jusqu'aux derniers feux de cette génération récemment.
Au final Bielsa a les défauts de ses qualités. C'est un formidable bosseur, perfectionniste à l'extrême mais il ne tolère pas un investissement moindre de ses joueurs ou même de ses dirigeants. C'est un tacticien mais il est arcbouté sur des principes de jeu et il a du mal a envisager d'en changer. C'est un entraineur idéal pour faire progresser des jeunes joueurs, mais il est plus en difficulté avec des joueurs plus confirmés. Un côté génial, un côté autiste, au moins il ne laisse personne indifférent et ses équipes non plus.