DROITS TV : COURAGE FUYONS !
Comment Vincent Labrune peut-il être encore en poste ? Cette question, légitime, fait le tour des présidents de club, notamment ses plus fidèles soutiens qui l'ont aujourd'hui lâché en privé.
Dans le drôle de monde du football français, l'hypocrisie n'a jamais été aussi grande. Ses pourfendeurs actuels ne disent mot devant lui, ne souhaitant créer un nouveau scandale ; la situation étant déjà assez compromise.
Alors, dans l'ombre, ils envoient des messagers et se dédouanent de leurs responsabilités, à commencer par Jean-Pierre Caillot, le président de Reims, ou de Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG.
Les grandes soirées avec Labrune...
Si certains dirigeants ont été aveuglés, bien aidés par les longues soirées dans les salons VIP de la capitale avec le grand maître de cérémonie, l'immense majorité a soutenu les plans grandiloquents de Labrune en étant totalement sobre. Joseph Oughourlian de Lens, notamment, qui a fait le ménage dans son club car ses hommes ont donné un train de vie princier au RCL sans anticiper une potentielle chute de revenus, était par exemple le premier défenseur des estimations farfelues de la LFP et l'arrivée de CVC.
Sous Labrune, le budget de la Ligue a doublé. Environ 110 millions d'euros sont désormais nécessaires à son fonctionnement annuel, sans tenir compte des nouveaux locaux payés à prix d'or. Le nombre de directeurs a explosé, toisant la vingtaine, avec des salaires inimaginables. Quant à la société commerciale, elle emploie également des gens bien trop nombreux dont l'utilité reste à démontrer. Et qui va payer ce petit monde ? Les clubs.
La LFP a doublé son train de vie sous Labrune
Aujourd'hui, la fuite en avant des présidents est trop facile. Eux, comme la FFF et le ministère des sports - rappelons la délégation de service public - portent la situation intenable du football professionnel français, et son trépas progressif.
Hier, lors du cortège entre les présidents, Laurent Nicollin, qui vouait un culte à Labrune, a annoncé qu'il déposerait le bilan à ce rythme. Montpellier, son club, est à l'agonie ; la faute à une gestion catastrophique où la masse salariale représente plus de 97% des revenus générés par le club.
Nicollin a compris le manège de Labrune, un président qui a écarté toutes les possibles voix contraires et a favorisé les gros, uniquement les gros, et principalement le Paris Saint-Germain de son "ami" Nasser Al-Khelaïfi.
Montpellier va déposer le bilan à ce rythme
Nicollin et d'autres présidents admirent Nasser. Une "admiration" en trompe l'oeil : ce sont les opportunités commerciales et financières du Qatar qui attiraient. Depuis quatre ans, beIN Sports a changé sa stratégie au niveau international. Réduction des coûts, les caisses sont quasiment vides. Pourtant, Labrune et Nasser ont entretenu depuis des mois le fantasme d'un Qatar sauvant encore le football français à la grande joie des présidents. Aujourd'hui encore, certains y croient.
En privé, beaucoup ont toutefois compris le manège. Le PSG a été le club le plus aidé par CVC (plus de 200 millions) et sera également celui qui bénéficiera le plus des droits TV à l'international. Cela ne poserait pas de souci si le Qatar finançait aussi les droits domestiques. Problème : à part le contrat de 40 millions pour la L2, rien pour la L1. Une position qui fait réfléchir ; finalement, Nasser ne serait pas si admirable que cela et penserait avant tout à ses intérêts et ceux de son club.
Labrune-Nasser, un duo qui a promis beaucoup
Hier encore, Nasser n'a pas lâché Labrune. En privé, il commence. Une douce ironie après avoir paradé depuis des années avec lui ; Labrune tenta même d'entrer au PSG à la place de Jean-Claude Blanc à l'époque.
Comme avec la Super League où il était pleinement investi avant d'en sortir juste avant l'explosion pour des désaccords financiers et d'égo, Nasser veut être du bon côté. Pour son image, encore et toujours. Son double jeu, avec celui de Labrune qui veut surtout sauver le train de vie de sa LFP, commence cependant à être compris.
Aujourd'hui, aucune solution n'a été trouvée. La chaîne était pleinement soutenue par des présidents, dont Nasser, qui maintenant fait volte-face. Plusieurs personnes, dont David Sugden - le boss de la communication du club -, font passer des messages à des journalistes, comme Caillot, dont la position vis-à-vis de Labrune a totalement changé.
L'option de "l'écran noir"
Une nouvelle réunion est prévue cette semaine où chaque dirigeant n'osera pas dire à l'autre ce qu'il pense. Mieux vaut envoyer des messages à travers des tiers, des journalistes ou des comptes sur les réseaux sociaux. Une stratégie enfantine où l'absence de responsabilité continuera de plonger encore un peu plus le football français dans les abîmes, les faillites et les relégations administratives.
Néanmoins, une poignée de présidents a compris qu'il fallait absolument changer de braquet et provoquer une vraie révolution : la politique de "l'écran noir", soit de ne pas avoir de diffuseur pour le début de championnat. Un "chaos" qui pourrait faire exploser pour de bon un système inique ? L'option est séduisante, mais elle nécessite une chose dont la totalité des dirigeants du football français a manqué jusqu'à présent : du courage.
NB : j'ai fait ce texte car j'ai dû supprimer par inadvertance mon tweet hier - dont je ne retire aucun mot. La responsabilité de Nasser dans ce désastre est colossal, notamment son soutien à Labrune (et pourtant, il avait voté pour Denisot lors de l'élection, comme Aulas!). Et pour finir : le Qatar n'avait pas et n'a pas vocation à "sauver" le football français. Il faut arrêter de mendier et se prendre en main, bon sang.